Petites notes rouennaises
Pour me rendre à la gare de Rouen, d'où je prendrai un train pour Paris, je décide de faire un petit détour.
Math, c'était souvent le premier cours de la journée.
Je n'aimerais pas avoir à repasser le bac.
Mes cours du soir au CNAM me rappellent assez combien les profs et les examens sont pénibles.
Je n'aimerais pas non plus me retrouver dépendant de mes parents, ni devoir vivre à nouveau avec eux sous le même toît.
Ni ignorer ce que je sais aujourd'hui, des hommes et de ce qu'ils deviennent rapidemment.
Peut-être que j'aime le fait que les lycéens ne sont pas encore en couple, qu'ils forment au plus des
unions éphémères, aléatoires,
qu'ils n'ont pas d'enfant,
pas de métier stable, pas de responsabilité, pas de reconnaissance sociale,
qu'ils sont juste là à titre individuel, à titre personnel, dans un entre-deux, tel qu'on est lorsqu'on se retrouve tout seul.
Et en tas.
On a 17 ans, on est parqué en tas, de trente, quarante élèves.
On lie plus ou moins connaissance, en fonction de vagues affinités.
On laisse les adultes dans leur monde, leur monde d'incompréhensibles nécessités.
Je n'aime pas les adultes, je n'arrive vraiment pas à m'y faire.
Il a une tête de norvégien.
Il fait certainement partie de la section traditionnelle des norvégiens du lycée Corneille.
Mais le temps passe, je dois prendre le chemin de la gare maintenant.