Une vie parisienne (2009-2011)

Résumé

Nouveau départ
L'année 2009 est indiscutablement une année difficile. Non seulement mon projet professionnel tarde à se concrétiser, mais mes relations avec N. et G., les amis qui comptent alors sans doute le plus pour moi, se dégradent. J'ai l'impression d'être lâché par eux, rétrogradé, à un moment où je peine à exister, où je doute de moi, où je me sens partout déprécié, sur le plan personnel comme sur le plan professionnel. Profondément blessé, je tente de n'en rien paraître, et je mène une existence de plus en plus solitaire , une existence dont les grandes balades à vélo que je me mets à faire autour de Paris, le week-end, en sont le symbole et l'exutoire. Cette période glaciaire se prolonge durant plusieurs années, jusqu'à ce que je tente d'en parler avec G. en 2011, au cours d'une discussion qui nous raccommode certainement, sans toutefois nous permettre de retrouver notre entière complicité d'antan.

Professionnellement, je fais quelques passages dans des boîtes que je quitte assez vite, soit parce que ça ne se passe pas bien avec mon responsable, soit parce que l'ambiance ne me plaît pas. Je vis chacune de ces expériences comme un échec professionnel, ce dont je culpabilise. Et comme je ne parviens pas à relativiser la situation (bien au contraire, Pôle Emploi me met la pression), je deviens tendu et acrimonieux.

En décembre 2009, je me dégote un poste d'ingénieur de développement dans une grosse agence web près des Champs-Elysées. Le cadre se révèle loin d'être aussi épanouissant que celui de ma mission à l'hôpital l'année précédente, mais techniquement, je suis satisfait, on me fait confiance (au début en tout cas) et j'apprends de nouvelles choses qui m'intéressent.
Malheureusement on me place aussi sous la tutelle d'un petit chef acariâtre, brouillon, peu diplomate, avec lequel mes rapports s'enveniment assez vite. Eh oui, les petits chefs et moi, ça ne fonctionne pas du tout.

Mes idées redeviennent alors très noires. Le soulagement que j'avais éprouvé juste après mon embauche s'estompe. C'est un sentiment de vide et de frustration qui m'accompagne maintenant au quotidien, par ailleurs plutôt solitaire et pauvre en satisfactions.
Le moindre pépin domestique prend des proportions ridicules, mes relations distendues avec N. et G. me démoralisent, et l'idée de partir à l'étranger refait surface dans le cours de mes pensées. Je m'imagine émigrant en Allemagne, au Canada, aux Etats-Unis...

Au début de l'été 2011, exaspéré, miné, épuisé par la relation houleuse que j'entretiens avec F.-X., mon responsable hiérarchique, je quitte mon agence web par la petite porte (un licenciement conventionnel).

L'impact de ce départ sur mon moral est instantané. Soulagé, pacifié, indulgent, je deviens presque optimiste ! Optimiste, pensez !

Mais le malaise croissant que j'éprouve à étaler sur Internet, à la fois le contenu de ma vie privée, et la pauvreté même de cette vie – que ce soit sur un plan affectif, relationnel ou intellectuel –, conjugué à la prise de conscience que le ton désabusé de certains de mes écrits en ligne avait pu parvenir aux oreilles de personnes de mon entourage, restées jusque là indifférentes à cet exercice pseudo-littéraire, au point de les indisposer passablement, et sans qu'elles ne me fassent ensuite écho de leur gêne, m'amène cependant à me censurer de plus en plus, à me contenter d'allusions, et à passer sous silence des épisodes que j'aurais sans cela racontés, de sorte qu'il n'est plus très approprié de parler de « journal » pour qualifier les quelques billets pédants que je trouve l'inspiration d'écrire de temps en temps. Déjà fort incomplet (puisqu'il est le confident régulier de mes humeurs chagrines, bien moins souvent le rapporteur fidèle de mes moments de joie, de sociabilité ou de distraction), ce blog devient artificiel et trompeur, et me conduit régulièrement à envisager son abandon.