Mais qui est Babarella ?
Une catin.
Elle se peigne, elle s'inspecte, elle se cire le visage.
Elle est irritante, cynique, futile, vulgaire à l'occasion.
C'est une sorte de Patsy, à la Normande, douceâtre, indécise, un peu obséquieuse, mais pas foncièrement mauvaise.
C'est Babarella.
Oui, c'est moi !
Elle glousse, elle roucoule, elle est toujours en retard, on ne peut pas lui faire confiance.
Pas de salle de bain, pas de vacances – il la lui faut, sa salle d'eau, sinon elle fait la tronche.
La pauvre ! Et personne ne l'écoute quand elle dit que c'est chronique.
La pauvre !
C'est Babarella.
Oui, c'est moi.
Ces jeunes caissiers avec un bouc et des yeux noirs...
Ce serait pratique si elle avait un jeune caissier à la maison, pour lui monter ses étagères,
fixer ses patères, etc.
Oui, c'est moi.
Si elle sait faire la cuisine ?
Pensez ! Elle n'a même pas de four !
Ce qui est un four, par contre, ce sont ses Internet dates, quand elle a picolé au gin juste avant, et qu'elle s'est s'empiffrée
de tortilla américaines saveur garlic.
C'est Babarella.
Oui, c'est moi.
Elle ne fait point pipi à côté du trône, c'est normal : elle s'assoit.
Et les back-rooms, c'est trop cra-cra, alors elle n'y va pas.
Enfin, elle évite : après, elle trouve qu'elle a le jean qui colle.
Ouais, mais sans ça elle soupire toute seule dans son petit lit.
C'est Babarella.
Oui, c'est moi.
Et son cérémonial, avant d'aller se coucher...
Sa douche, sa crème, sa bouteille d'eau, ses kleenex, ses boules de vêtements
qu'elle répand comme des graines sur son lit, pour avoir plus chaud.
Serait-elle maniaque ?
Peuh, elle ne range rien, laisse tout traîner, chiffonne tout, plie tout, corne tout, corrompt tout.
Mais elle, elle est increvable.
Enfin, sauf quand elle a une sinusite.
Aïe, aïe, aïe !
C'est Babarella.
Oui, c'est moi.