1989

Dans un restaurant d'Andorre
Le bicentenaire de la Révolution ? La chute du mur de Berlin ? La glasnost ? Les voiles de la liberté* ? Une année charnière pour moi en tout cas.

Mes relations avec ma classe du collège se sont nettement améliorées. On a cessé de me pourchasser et de se moquer de moi – les humiliations dont j'étais auparavant régulièrement la victime sont maintenant des enfantillages que plus personne dans ma classe de 3ème ne s'abaisserait à commettre.

Je connais le collège comme ma poche. Chaque couloir, chaque escalier, chaque salle de classe, chaque enseignant, chaque surveillant, chaque dame de service.
Je discute de musique avec Manuel.
Je discute de politique avec Etienne.
Je discute d'informatique avec Frédéric.
Je discute de cinéma avec Magali.
Certaines filles viennent même me faire la bise, le matin. A moi l'ancien paria !
Je découvre l'assise psychologique que procurent les amis : parce que soudain nous existons pour d'autres personnes, soudain nous nous mettons à exister à nos propres yeux. C'est d'ailleurs en 1989 que débute ma correspondance féconde avec Laurence, une amie d'enfance qui, malgré les kilomètres qui nous séparent, elle à Rennes, moi à Rouen, devient rapidement ma principale confidente.

Je bénéficie donc d'un environnement scolaire et relationnel bien plus enviable qu'auparavant, même si, curieusement, Mme Châtel, notre professeur de mathématiques, une enseignante autoritaire et très redoutée, déclare un jour qu'il règne « un sale esprit » dans la classe, et qu'elle aimerait bien que cela cesse. Quelque temps plus tard, Melle Aujol – la sous-directrice, une personnalité non moins redoutée, dont nous devons saluer l'arrivée inopinée en classe en nous levant de notre chaise – nous fait solennellement la même remarque. Puis c'est au tour de Mme Durieux, notre professeur de latin, de s'emporter comme un diable et de gifler Stéphanie, une fille bougonne et hommasse qui vient d'admettre d'un air excédé, que non, elle n'a pas fait sa version. Quant à Mme Basely, notre professeur d'histoire-géo, dont la fascination pour l'Union Soviétique et la mauvaise qualité des polycopiés qu'elle nous distribue en début de cours provoquent à chaque fois des pouffements hilares, elle nous trouve bien dissipés. Et ne parlons pas des leçons de musique de Mme Goubault, des cacophonies hystériques ponctuées de réflexions impertinentes, de véritables concerts de musique concrète où chacun chante exagérément plus faux que son voisin... Il semble donc que plusieurs de nos enseignants, après concertation, soient tombés d'accord au sujet d'un « mauvais esprit » qui règnerait dans notre classe, et se soient donnés le mot. J'avoue que je suis un peu surpris, car je trouvais ma classe bien pire quelques années auparavant.

Parque del Buen Retiro
En matière de photo de voyage...
1989, c'est l'année de ce voyage scolaire en Espagne que Mme Griscelli, notre professeur d'espagnol, une grosse dame à la voix douce, dont les bracelets cliquettent lorsqu'elle repose ses poignets sur le bureau, prépare longuement à l'avance. Nous l'interrogeons au début de chaque cours sur l'avancement des préparatifs : irons-nous au Prado ? A l'Escurial, à Salamanque ? La Semaine Sainte ne va-t-elle pas perturber notre voyage ? Comment serons-nous logés ? Autant de questions qui déclenchent son bavardage passionné, et qui nous permettent de rogner quelques minutes sur le cours.
Finalement, le 12 mars au matin, le moment tant attendu est arrivé : un car nous attend devant le collège, destination Esquivias, un petit village au sud de Madrid, perdu dans une campagne grillée par le soleil. La « famille » qui m'accueille – moi ainsi que deux condisciples, Xavier et Jean-Baptiste – est un couple d'espagnols moyens, sur la cinquantaine, payés pour nous loger et nous nourrir, attentionnés, mais pas très bavards ; depuis la salle à manger où mes deux camarades et moi dînons sagement, nous voyons nos hôtes s'affairer dans leur cuisine, toutes fenêtres ouvertes, sous l'éclairage verdâtre d'un néon, tandis qu'un poste de télévision diffuse à tue-tête les noticias de 21 heures. La chambre où nous dormons est toute de blanc pavée, et sent la citronnelle.
Les jours suivants, je découvre avec ma classe les grandes villes de Castille : Madrid, Tolède, Aranjuez, Ségovie... Il fait chaud, et j'ai l'impression que c'est l'été. Les profs nous donnent parfois quartier libre. Nous partons alors en exploration dans les rues, par petits groupes, observer les indigènes, et ricaner à la moindre occasion, comme lorsque nous voyons ce quinquagénaire aux cheveux gominés fourrer précipitamment dans son cartable le magazine gay qu'il vient de s'acheter à un kiosque à journaux de la Puerta del Sol.

Plaza de Oriente
... j'ai encore quelques progrès à faire
Je ne suis pas seulement écœuré des sandwichs au chorizo de la famille d'accueil, je ne me sens pas non plus très en phase avec la culture espagnole. Ces Latins au sang chaud, empreints de morale catholique et familiale, bipolaires, extravertis, avec leurs villes étouffantes, leurs maisons où l'on entend tout, leurs campagnes arides, leurs lâchers de taureaux, leurs fiestas traditionnelles et leurs interminables siestas, ça ne me convient pas, et parfois je me dis que j'aurais mieux fait de faire allemand en seconde langue, plutôt que de succomber bêtement aux poncifs récurrents qui circulaient à l'école au sujet de l'allemand, présenté comme la langue laide et imprononçable d'un pays de brutes disciplinées et méticuleuses. En même temps, un tel voyage en Espagne, c'est l'occasion de me confronter à la réalité d'un autre pays, au-delà des clichés et des stéréotypes, très populaires à l'adolescence, et de profiter d'une expérience enrichissante que j'aurai toujours du plaisir à renouveler par la suite, chaque fois que je reviendrai en Espagne. Après tout, c'est bon la paëlla, si j'enlève les fruits de mer (je n'aime pas les fruits de mer).

1989, c'est l'année où, avec ma mère, je repeins ma chambre. Je me débarrasse de vieux meubles en bois que je ne peux plus voir. Je fais disparaître ma table de jeu, cette grande planche de contreplaqué sur tréteaux qui vit défiler tour à tour mes villages de Schtroumpfs, mes villes de Majokit et mes circuits de chemin de fer sophistiqués. On remplace mon lit grinçant par un matelas deux places. En pénétrant dans cette pièce ainsi dévêtue de ses années d'enfance, j'ai une agréable sensation de netteté et d'évidence.

1989, c'est l'année de ma première boum. C'est Etienne qui l'organise chez ses parents, et toute la classe de 3ème est conviée. A moi comme à beaucoup, c'est notre première soirée. Avant qu'on ne se retrouve tous dans sa chambre et qu'on ne mette un peu de musique, il y a un repas servi dans la salle à manger, en respectant un cérémonial assez formel, exécuté par les parents d'Etienne en personne, pareils à des valets de pied. Je trouve l'ambiance un peu étrange. De plus, je porte ce soir là un pantalon dont la braguette redescend toute seule, ce qui m'oblige à me tenir sur mes gardes pour la remettre en place. Je ne trouve rien à dire d'amusant, et je me sens maladroit. C'est tellement curieux aussi, la présence de toute ma classe réunie pour un soir dans un lieu aussi personnel, aussi intime et familial, et aussi éloigné de la laideur des bancs en béton du collège.
Quelques couples dansent. Au bout de deux minutes à peine, la fille à qui j'ai proposé un slow, Phoebé, s'excuse et repart s'asseoir ; pendant tout le temps où je l'ai tenue dans mes bras, des garçons m'ont crié de me tenir droit.
Je ne rentre pas très tard, mais je ne suis pas mécontent de cette nouvelle expérience : j'ai été à une « soirée ».

Emplacement de l'ancien bar “La Coupole”, où je viens parfois prendre un café après les cours, avec des élèves de ma classe
1989, c'est l'année où je commence à fumer et à fréquenter un bistrot des abords du collège. Je m'y rends après les cours avec Etienne, Arnaud, Christophe... On y boit des cafés en déblatérant sur les profs. C'est l'occasion pour moi d'exhiber fièrement mon paquet de Royale Menthol. Je connais le geste du fumeur, car l'été précédent, en vacances, j'ai chipé des cigarettes à ma grand-mère, et j'ai essayé d'en fumer quelques unes tout seul sur le balcon, un après-midi où mes grands-parents s'étaient absentés.

1989, c'est l'année de mon plongeon dans « L'introduction à la psychanalyse » de Sigmund Freud. Je découvre ce livre par hasard sur une étagère de la chambre de mes parents, et je commence à le compulser avec presque autant de trouble que si j'étais tombé sur une revue porno. Sa lecture me fascine pour la clarté positiviste du texte et pour la construction systémique très cohérente que Freud élabore autour du concept d'Inconscient, construction à laquelle, en bon scientifique et en amoureux de la théorie que je suis déjà, je suis évidemment sensible.

La rue St Patrice (la rue officielle du collège)
A propos, notre prof principale – Mme Lafont – nous apprend un jour qu'une psychologue est à notre écoute, en complément de la visite médicale. Son bureau se trouve juste en face de celui du médecin scolaire. Tous ceux, toutes celles, qui souhaiteraient prendre rendez-vous avec elle ne doivent pas hésiter à le faire. A cette annonce, je me sens bizarrement concerné, et en même temps je réalise que je serais incapable de m'y rendre, car tout ce qui me pèse sur les épaules – depuis les brimades dont j'étais encore il y a peu victime (et dont le souvenir continue de me hanter) jusqu'à mes désirs ambigus pour des garçons – me semble impossible à raconter. Trop de honte, trop peur d'être jugé négativement, trop peur que mes aveux ne s'ébruitent, trop peur qu'on en vienne à savoir, seulement, que je suis allé chez la psychologue.
Le boulevard de la Marne (sur lequel donne l'entrée des élèves du collège)
Toute forme d'examen, du reste, m'angoisse. Ce n'est pas nouveau. A la visite médicale, plusieurs années de suite, on me trouve de la tension artérielle, et le médecin scolaire insiste pour que mes parents prennent la chose au sérieux (pendant quelque temps ensuite, je contrôlerai tout seul ma tension à l'aide d'un appareil électronique que l'on me prêtera, et grâce auquel on conclura que ma tension n'était due qu'au stress de l'examen médical, puisque les valeurs que je mesurerai par moi-même s'avéreront normales).
Je ne prends donc pas rendez-vous chez la psychologue, mais je ressens le besoin croissant de m'exprimer. Les dissertations de français – dont j'attends avec impatience chaque nouveau sujet – m'en fournissent l'occasion, et certaines de mes compositions font publiquement l'objet de commentaires élogieux de la part de Mme Lafont, ce dont je rougis de fierté.

Moi, vu par mon père
C'est alors qu'en quête d'émancipation, soucieux de m'affirmer et de montrer aux autres toute l'étendue de mon « indépendance d'esprit », j'entre dans une période d'ironie et d'insolence, dans une phase de rébellion qui sera diversement appréciée par mon entourage. En 1988 déjà, j'avais osé dire « merde » à ma mère, d'une petite voix, au dîner (ce qui m'avait valu une claque). Maintenant, je n'hésite plus à lui redresser ses torts. Je blesse silencieusement mon père en lui disant qu'il a « un nez de poivrot ». J'écris une lettre à ma professeur d'anglais, Mme Groven, dans laquelle je lui déclare sans ambages « I hate you » (lettre qu'elle me rendra corrigée de mes fautes de grammaire, avec ce commentaire, dit d'un ton très amusé, qu'en ce qui la concerne, elle me méprise). Un soir où nous sommes invités chez les D., un couple de vieux amis de mes parents, je déclare en riant que leurs petits-fours « sont abjects ».
A Laurence, ma correspondante de Rennes, qui ignore tout de ma vie réelle, j'essaye de me donner de l'importance en lui dépeignant l'étendue de ce que j'appelle mon « hypocrisie » : le plus sérieusement du monde, je lui écris ainsi que si en apparence je ressemble à « un ange », en réalité j'avance « sur un sentier de débauche » avec mes amis du collège (tout ça parce qu'en ville, quelques jours plus tôt, avec Etienne et Yves, nous avons renversé une chaise ou deux sur une terrasse de café, et que nous avons hurlé quelques vulgarités dans la rue).
« J'ai parfois une irrésistible envie de changer, de devenir quelqu'un de sombre, de noir, de sévère, sans pour autant être désagréable avec autrui. D'après ce que mes parents m'ont dit un jour, je ne serais déjà pas très marrant. J'aime être noir, en apparence en tout cas. Je n'aime pas faire de la peine, mais j'aime agacer les gens, les énerver. Voir leur petit amour-propre blessé, les voir trépigner d'agacement, quel ravissement pour moi ! » (lettre à Laurence, 1989)

Certains disent que je fais ma crise d'ado.
Ah oui ? Eh bien je m'en moque... Cela m'indiffère complètement ce que vous pensez, vous savez. D'ailleurs vous, là, tout de suite, vous m'indifférez, hein.

Bref, en juin, je passe le « BEPC » dans un collège aux couloirs désertés. Lorsque quelques jours plus tard, j'y reviens pour les résultats, j'espère y apercevoir Damien, mais en vain. Juste avant de quitter l'établissement, avant de franchir une toute dernière fois son portail, l'entrée de ce bagne tant de fois franchi avec la peur au ventre, je ressens une satisfaction intense, un immense plaisir à me sentir libre, affranchi. Je vais tourner la page du collège.

Pique-nique avec mes grands-parents, ma sœur Sarah et ma tante Isabelle (entre lesquelles je suis assis)
Dans le Cotentin, avec ma sœur Zoé
Pendant les grandes vacances, je me rends à Vernet-les-Bains avec mes grands-parents et ma sœur Sarah, comme tous les étés.

Puis dans le Cotentin, avec mes parents et les chats. Comme chaque année.

Et finalement, en septembre 1989, c'est la rentrée... au lycée cette fois-ci.

La rue Édouard Fortier, que j'emprunte quotidiennement pour me rendre au lycée
Et là, bizarrement, je me recroqueville. Désorienté, déçu, incapable de quitter ma gangue de timidité infantile, je me mets à dédaigner les gens de ma classe, alors que j'espérais au contraire me lier et repartir sur de nouvelles bases. Il faut dire que ces rejetons de la bourgeoisie rouennaise, raisonnables et convenables, bien habillés, bien chrétiens, bien sous tous rapports, n'ont rien de très amusant. Certains font du scoutisme, d'autres des pèlerinages à Assise, d'autres ont collé sur le rabat intérieur de leur cartable un autocollant « Jospin tu crains ». Quant aux élèves restants, ceux qui ne font ni scoutisme, ni pèlerinage, ni politique, je les trouve niais ou superficiels.

La fameuse photo de classe de seconde que je n'ai pas voulu acheter
Notre professeur de français de seconde, Mme David, tente d'organiser des débats autour de sujets susceptibles de nous intéresser, sur le thème de l'adolescence par exemple. Lorsqu'elle nous demande s'il y en a parmi nous qui n'ont pas aimé le film « Le Cercle des Poètes Disparus », qu'elle nous avait suggéré d'aller voir au cinéma, je suis le seul à lever la main. Invité à justifier mon rejet, j'explique laborieusement, d'une voix inaudible et inarticulée, que ce film, qui enjoint le spectateur à refuser le conformisme de la société et à profiter de l'instant présent, est justement le fruit d'un certain conformisme. Mais cette tentative pour me distinguer des autres – puisque sur le fond, il s'agit en effet surtout de ça – ne passe pas très bien aux yeux de mes condisciples. Et lorsque je m'obstine à refuser d'acheter la traditionnelle photo de classe, tout le monde me regarde d'un drôle d'air, y compris la prof. Mon cynisme et mon arrogance sont tels que j'entends une élève déclarer un jour que je suis « un type infect ».

Le midi, quand je rentre à la maison pour déjeuner (car j'ai gardé un souvenir si affreux de la cantine du collège, que j'ai réussi à convaincre ma mère de m'épargner celle du lycée), je retrouve avec soulagement mon cocon familial doux et rassurant, connu de toujours.

Des coupures de presse de l'époque
Pour oublier ces mésententes avec les gens de ma classe – une période qui durera environ un an, le temps que je quitte mes airs méprisants et mes paroles narquoises –, je me pique d'astronomie et de conquête spatiale, des sujets alors d'actualité avec les images que la sonde Voyager vient d'envoyer de la planète Neptune. Le dimanche, quand je ne tripote pas frénétiquement ma calculatrice Casio (au collège, on me surnommait M. Calculette), je me plonge dans un gros livre de peintures impressionnistes déniché dans le salon, dont les reproductions de toiles de Monet ou de Pissaro me montrent des paysages familiers de Normandie, qui me rappellent les promenades de mon enfance. Comme souvent lorsque je me replie sur moi-même, je repense aussi avec nostalgie à mon village de Vernet-les-Bains : je trace de mémoire un plan de l'appartement de mes grands-parents, ainsi que du torrent qui coule en contrebas de l'immeuble, où nous avons l'habitude d'aller nous tremper les pieds en été, ma sœur et moi.

1989, c'est également la dernière année où je me sens troublé par une fille. Il y a bien sûr celle que je suis à distance lorsqu'elle rentre chez elle après les cours, par la rue du Champs des Oiseaux. Et puis il y a Delphine. Delphine a des tâches de rousseur, elle est précoce et pertinente. Lorsqu'elle est assise près de moi en classe, je deviens incapable de me concentrer sur le cours. Elle m'attire, mais elle me rend inquiet, de cette inquiétude universellement masculine, que l'on pourrait résumer par cette question vulgaire : aurais-je un désir assez soutenu pour faire l'amour avec elle, si l'occasion venait à se présenter ?
Vaine inquiétude, puisque mes désirs évolueront ensuite assez vite, pour se fixer sur les garçons, comme la bille de la roulette finit par s'arrêter définitivement sur un chiffre après avoir hésité entre plusieurs cases. Si bien que deux ans plus tard, lorsque Delphine sortira avec Franck, un petit minet de la classe, c'est elle que j'envierai au contraire, me demandant même au passage, non sans méchanceté, ce que Franck peut bien lui trouver.

En famille, au Havre
En tout cas, en cette année 1989, derrière mes poses d'adolescent tourmenté, mes petites provocations verbales, mes airs hautains et mes déclarations catégoriques, on distingue déjà cette humeur mélancolique, qui ne me quittera pas de sitôt, et dont j'ai déjà conscience :
« Le pire, c'est que je ne me rends même pas compte du bonheur que j'ai d'être au lycée, en seconde : car je la regretterai certainement cette année 1989, lorsque j'aurai passé mon bac. Serais-je un éternel "insatisfait", un de ces ineffables râleurs ? » (lettre à Laurence, novembre 1989)