Les origines

Moi en 1976
Ma soeur Zoé en 1992
Ma mère et Zoé sont descendues à Vernet l'été 1992.
Voir ma petite soeur gambader sur le balcon, ou cligner des yeux dans la puissante lumière du matin, au petit déjeuner, ranima en moi de vieux souvenirs.

En 1992, Zoé joue sur le tapis en poil
En 1976, je joue sur le tapis en poil
J'étais en effet venu très tôt ici – dès ma première année, avec mes parents – ce qui n'est sans doute pas étranger à mon (légendaire) attachement pour cet endroit.

La maison blanche - comme j'appelais ainsi l'immeuble de mes grands-parents autrefois - le long d'un torrent ronronnant, au pied des remparts d'une montagne verte et grise, c'était exotique, pour le petit rouennais que j'étais.

Dans les rues du village d'Eus

Il y a quelque chose d'un peu béat dans ces photographies de mes parents et de moi, réunis en vacances, dans une harmonie qui serait apparue par hasard, presque accidentellement, au coeur de ces lieux.

Ma mère était pourtant déjà enceinte de ma première soeur, et fatalement, ce joli trio allait se trouver bousculé quelques mois plus tard.

Au bord du Cady

Dans les jardins du Casino
Dans le petit parc en bas de l'immeuble

Le mot matière me vient tout à coup en tête. Vernet me paraît plein de matières.

L'aspect organique, exubérant, multiforme émanant de ces lieux me séduisait probablement déjà.

En 1975, j'étais rondelet, je mangeais comme quatre, et mon père avait les cheveux longs.

C'était une époque incroyable !

Curieusement, quand aujourd'hui dans mon sommeil je me mets à rêver de Vernet, la tonalité est souvent fort différente de celle que je suis en train de dépeindre ici.

Angoissés, informes, blafards, mes rêves prennent Vernet, son appartement et sa montagne, comme un prétexte, comme un cadre, comme une scène où viennent se dérouler des escapades inquiétantes, des aventures incongrues sans début ni fin, où tout paraît immense, incontrôlable, et où je suis conduit par les événements, plus que je ne les provoque moi même.

D'ailleurs, j'ai retrouvé récemment trois curieuses photographies en noir et blanc, que mon père a dû prendre alors que je n'avais pas un an.
L'endroit s'appelle Marialles, c'est une petite maison forestière perchée dans la montagne, entourée de pins des Pyrénées, au bout d'une longue et vilaine route en terre.
Le cadre est idyllique et plein de poésie, baigné dans un soleil d'été.

Pourtant, ici, ces clichés me rappellent bien plus le théâtre de mes rêves, que la réalité :

Et quand j'observe plus en détail la tête que je fais, ballotté dans ma poussette, hypnotisé par ce sentier qui s'enfuit entre les sapins et les nuages fantomatiques, je me dis que ce n'est pas très étonnant que je fasse des rêves bizarres sur Vernet aujourd'hui, et que sa montagne me fascine autant.

Mariailles
Le même endroit, durant l'été 2004