2002

Maintenant que la page précédente consacrée à mes amours a satisfait votre curiosité mal placée, nous pouvons reprendre la chronologie...

1er de l'an. N., G. et moi débarquons avec fracas dans un loft de la rue Sedaine, où deux tatas flétries, deux vagues relations de N., espéraient festoyer tranquillement à la lueur des bougies. Nous jouons les pique-assiettes, fourrons notre nez dans les livres et dans les disques, y allons de nos commentaires impertinents. Juste après minuit, G., encore peu habitué à la vie parisienne turbulente de son nouveau compagnon, insiste pour rentrer (il s'y fera vite). Peu après, N. et moi laissons nos deux tatas écouter Etienne Daho, et nous gagnons un bar gay-friendly du quartier, le Basfroi, à l'angle de la rue du même nom et de la rue de la Roquette. Là, je m'entiche d'un Italo, qui sirote seul au comptoir, un certain Manuel, mais nous ne concluons pas.

Villard-de-Lans, 2002
A Villard-de-Lans
Février 2002. Je rends visite à JC, qui vient d'emménager sur Grenoble avec sa dernière conquête (un certain C.) Il a vendu sa part dans cette maison à la frontière de l'Île-de-France et de la Normandie qu'il occupait depuis plus de dix ans, cette drôle de maison en brique au milieu des champs où nous nous étions embrassés lui et moi pour la première fois, deux ans plus tôt. Cette même maison qui avait été le témoin de son coming-out, au début des années 90, quand il s'était mis à courir le guilledou dans le Marais parisien, à vivre pleinement son homosexualité, cette même maison qu'il regagnait en voiture à l'aube, après de folles nuits passées dans les clubs parisiens – une période marquante de sa vie que je n'ai pas connue, mais dont il me parle souvent.
C'est donc une nouvelle existence qui commence pour lui.

Je découvre Grenoble, ville que je trouve un peu triste, toute grise dans sa cuvette, sous son couvercle de nuages blancs. Je préfère les paysages montagnards du Vercors, où nous allons nous promener le dimanche, juste avant mon retour sur Paris.

Bye bye, Boulogne-Billancourt
Avril 2002. Je démissionne de Magnitude, l'agence web qui m'a embauché juste après mon stage. Depuis plusieurs mois déjà, je cherche à quitter cette entreprise dont la localisation, Boulogne-Billancourt, m'impose chaque jour un trajet en métro qui m'épuise (dernier arrivé le matin, je débarque dans l'open-space en rasant les murs). J'ai fait le tour de ce "bureau d'étude technique", où, après deux années de bons et loyaux services, je cherche toujours ma place. Bien que mis à contribution sur d'importants projets, je me sens constamment maintenu dans l'ombre par une équipe d'ingénieurs et de chefs de projet qui, sans être méchants, ne doutent de rien, et surtout pas d'eux-mêmes.

Je les quitte pour rejoindre Préférences, une agence web de l'est parisien, située à deux pas de chez moi. En rejoignant cette structure plus petite, dirigée par des communicants et des graphistes, plutôt que par des ingénieurs, j'espère bénéficier d'une plus grande indépendance technique, et pouvoir me rapprocher du logiciel open-source (là où Magnitude ne jure que par Microsoft).
Startup née au milieu des années 90, Préférences s'est développée lentement, mais sûrement, en fidélisant des clients prestigieux du secteur institutionnel et culturel. Elle occupe le 1er et le 4ème étage d'un immeuble modeste du dixième arrondissement, et emploie, à mon arrivée, une douzaine de personnes. Sur le plateau du 1er étage, où, le premier jour, on me fait une petite place entre deux tables, s'activent graphistes, intégrateurs HTML et développeurs web. La direction et les chefs de projet ont leur bureau au cinquième (c'est "l'étage MEDEF", selon l'expression de l'un d'entre eux). Ces derniers descendent nous rendre visite de temps en temps, avec des documents de conception dans une main, et une tasse de café dans l'autre.

A Préférences, ce sont les graphistes qui font la loi : deux designers – un Italien et un Argentin –, bien conscients de leur talent, férus de couleurs contemporaines, de typos avant-gardistes, et forcément soucieux de user experience, qui ne jurent que par les produits Apple, qui méprisent tout le reste, et que l'on consulte au moindre problème, comme des pythies ou des messagers des Dieux. Depuis leur bureau aux murs tapissés de posters et de nuanciers, ils ambiancent la factory avec leur playlist quotidienne : Pink Martini, Gonzales, Air, Brigitte Bardot, Felix Da Housecat, Patrick Juvet, et cette chanson paillarde – "Les nuits d'une demoiselle" – dont ils raffolent. Morris, l'Italien, a la critique facile, et le verbe haut – on l'entend jurer tout seul devant son Power Mac à chaque email qu'il reçoit : « Coglione » « Va fanculo » « Dio porco »... Et si Pablo, l'Argentin, est de tempérament plus complaisant, il s'offusque tout aussi facilement : « Mé c'est oun délire ! » Quand ils éclatent de rire, on se demande toujours de qui ils sont en train de se payer la tronche. Connus et appréciés des clients, ils sont évidemment bichonnés par le patron.
Les développeurs, eux, travaillent dans des pièces adjacentes au bureau des graphistes. La plupart ont fait une IUT en province, habitent en banlieue, et Préférences n'est souvent que leur première ou seconde expérience. Vincent est leur chefaillon, et donc le mien par la même occasion. C'est dans le bureau de Vincent que se tient la stand-up meeting matinale (brève réunion durant laquelle chaque développeur fait le point sur ses travaux en cours)(réunion que j'abhorre). Vincent habite au fin fond de la Seine-et-Marne, et quitte donc assez tôt les bureaux : à 18h il enfile sa tenue de moto, avant de nous gratifier d'un bref "Salut". D'abord séduit par son apparence calme et son visage agréable, je me heurte rapidement à sa gaucherie, à sa sècheresse, à son absence de compassion, et à ses emails remplis de fautes d'orthographe.
Sans vouloir les dédaigner, je n'arrive pas à m'intégrer au groupe des développeurs, malgré la présence de trois filles dans le lot – une présence de nature à contrebalancer l'inévitable lourdeur masculine propre aux milieux techniques. Quand, à midi trente, la voix de V. lance à la cantonade « – Balbuzard ? », du nom d'un restaurant du quartier où ils ont l'habitude d'aller déjeuner, je décline l'invitation. Ils ont vite compris, de toute façon, que je suis, disons... "pas comme les autres".
Au début, l'ambiance de travail à Préférences me ravit : les heures supp sont comptabilisées et donnent droit à des jours de récup, et les capsules Nespresso sont payées par la boîte. Champagne ! A 18h30, tout le monde a quitté les locaux, ou bien se déconnecte pour jouer en réseau. Qu'il est loin, l'esprit "premier de la classe" de Magnitude, où, à 19h, dans le silence de l'open-space, chacun turbine encore, et guette du coin de l'œil le premier qui aura l'audace de se lever de son siège pour rentrer chez lui.

Mon nouveau bureau
Je dois cependant déchanter assez vite sur la bienveillance de mon nouvel employeur, et sur la prétendue bonne atmosphère qui règne ici, lorsque j'apprends qu'un licenciement disciplinaire a eu lieu juste avant mon arrivée (suivi de deux autres, quelques mois plus tard), et quand j'assiste pour la première fois à une grosse engueulade entre Vincent et Morris, qui ne peuvent pas se piffrer.

Une chose est sûre en tout cas : c'est cool de bosser dans son quartier ! Je découvre le plaisir d'avoir du temps libre le soir après le boulot, de pouvoir déjeuner à la maison le midi, la chance de pouvoir se lever plus tard que les autres, et de ne plus être au bout du rouleau en fin de semaine.
(Un an plus tard, j'apprendrai par hasard que ma précédente boîte, Magnitude, a été placée en redressement judiciaire, plombée par un projet catastrophique, et par un contexte post "bulle Internet" peu favorable aux investissements technologiques. Les premiers de la classe se retrouvent donc punis, tandis que la chance sourit aux outsiders : Préférence remporte en effet un gros contrat, la refonte du portail Internet d'une chaîne de télévision – de quoi nous occuper un certain temps...)

Mais trêve de considérations professionnelles.
8 mai 2002 : long week-end de l'Ascension dans le sud avec N. et G. Descendus en train, nous sommes récupérés à la gare de Nîmes, en début d'après-midi, par le père de G. Mission : récupérer la vieille Twingo que G. avait laissé chez ses parents avant son emménagement sur Paris, faire le plein, et mettre le cap sur Barcelone. Les retrouvailles seront donc brèves. A peine avons-nous fini la tasse de café que les parents de G. nous ont offert, que nous voici déjà sur la route, avec des cassettes de musique et des paquets de chips.

Petit déjeuner sur la place du village
Mais la météo est mauvaise. C'est moi qui conduis, et je suis un peu tendu. Sur l'autoroute, chargée de camions, et alors que le jour commence à baisser, nous évitons un accident de justesse. A force de descriptions idylliques, je parviens à convaincre mes deux compères de faire un détour par Vernet-les-Bains. De toute façon, il nous faut bien dormir quelque part, hein. C'est donc avec un certain soulagement que nous quittons l'autoroute surchargée, et que nous nous engageons sur la nationale en direction des Pyrénées. La nuit est tombée lorsque nous remontons la vallée du Conflent. Des brumes fantomatiques se reflètent dans l'éclat des phares, tandis que nous longeons des torrents grossis par plusieurs journées d'intempéries. Nous atteignons Vernet vers 21h. Nous dormons au gîte municipal, sur des matelas durs comme du bois. C'est la première fois que je remets les pieds dans ce village de montagne depuis la vente de l'appartement de mes grands-parents, en 1998.
Le lendemain, quelques timides rayons de soleil se reflètent sur la chaussée humide des rues. Après une courte escapade en montagne, à la tour de Goa, et après une côte de bœuf au restaurant "Le Cortal", chez Chantal et Jean-Claude, où je traîne N. et G., dans un accès de mélancolie, nous prenons la route de Barcelone. Je quitte Vernet un peu à regret, mais mes compagnons de voyage n'ont aucune envie de moisir dans ce trou perdu. Mes marottes ascensionnelles, ça va cinq minutes.
En route, je reçois avec surprise un texto de Yannick. Tiens, il se souvient de moi, ce petit monstre ?

Gérone, l'Onyar
Gérone
Il est 17h lorsque nous franchissons la frontière franco-espagnole : nous ne serons pas à Barcelone avant minuit. Nous décidons de faire étape à Gérone. Nous nous trouvons un petit hôtel en centre-ville, un établissement défraîchi de la carrer Santa Clara. Nous sommes les seuls clients, et le propriétaire, un vieil homme, nous accueille à bras ouverts. L'endroit semble pétrifié depuis les années 50. Des photos de l'hôtel, aux murs, témoignent d'un passé plus glorieux. Nous prenons deux chambres donnant sur la rivière. Quand, à la recherche d'une couverture supplémentaire, j'ouvre la grosse armoire en bois à côté de mon lit, une effluve sépulcrale s'en échappe et me prend au visage.

Nous arrivons à Barcelone sur les coups de 14h. Nous garons la voiture et commençons à arpenter les rues à la recherche d'un hébergement. Evidemment, tout est complet, en ce week-end de l'Ascension. Dépités, nous faisons une pause dans un café du barri Gòtic. Le soleil persiste à ne pas se montrer, et une petite bruine se met même à tomber. L'ambiance est tendue. Voilà ce que c'est de ne pas réserver !

Sacrée pluie à la Sagrada Familia...
Carrer de Sant Pere, nous finissons par trouver une pension un peu minable, tenue par une mégère suspicieuse et son fils célibataire. Après dîner, N., plongé dans ses souvenirs, tient à nous montrer les endroits chauds de la ville. Il nous entraîne dans le quartier du port, dont les avenues obstinément désertes en cette saison sont balayées par un vent frais venu de la mer. Désappointés, nous remontons les Ramblas en direction d'Eixample. Agacé, N. entre dans les tripots, au hasard, et en ressort aussitôt parce que ce sont en fait des bars à putes. Nous trouvons enfin un club gay, à l'ambiance décontractée, où des travestis chantent des airs à succès sur un podium. Nous buvons des bières, amusés, et récupérons au passage quelques pass pour le club L'Arena, où nous n'irons finalement pas, car nous sommes trop fatigués.
Pschitt pschitt
Le lendemain, nous faisons du shopping au Corte Inglés. Fidèle à ses habitudes, N. entraîne G. au rayon des sous-vêtements, tandis que je me trouve quelques tee-shirts moulants au stand des camisetas, en prévision de mes futurs clubbings parisiens, ainsi qu'un flacon d'eau de toilette bon marché, Yacht Man Blue, en guise de souvenir, car je crois en avoir senti la fragrance dans le sillage de tous les jeunes Barcelonais que j'ai croisés.
Dimanche matin, nous plions bagage et retrouvons la voiture là où nous l'avions garée, ouf. N. a laissé à la tenancière de notre pension un "cadeau" à retardement que la décence m'interdit de décrire ici. Avant de nous engager pour plusieurs heures sur l'autoroute, nous faisons un court arrêt au Park Güell, histoire de contempler une dernière fois les formes volutées de Gaudi. C'est le moment que choisit le soleil pour se montrer enfin, après plusieurs jours de grisaille.
Il est une heure du matin lorsque nous arrivons sur Paris.

A la mi-juin, je passe un week-end à Londres avec Pierre. Nous logeons à Camden, dans un appartement en colocation que nous a prêté un ami français de Pierre. Nous traînons à Soho, et buvons des verres au Six Storeys. Nous sommes un peu cruches, et nous faisons attendre tout le monde à la caisse du célèbre club "Heaven", car nous ne pigeons pas un truc que le type à la caisse essaye de nous expliquer. La honte. Nous mangeons un fish and chips, et nous visitons la Tate Modern. Deux Frenchies à Londres, quoi.

Août 2002, vacances à Lisbonne avec Pierre et Dominch.
Désargentés, nous dormons tous les trois dans la même chambre, dans une pension modeste du Bairro Alto. En manque de sommeil à cause des ronflements de Pierre, qui m'empêchent de fermer l'œil de toute la nuit, je me traîne comme un zombie dans la journée.

Malgré ce petit désagrément, cette première expérience du Portugal me surprend et me ravit. La douceur des manières lisboètes, la désuétude de l'architecture et la patine du climat atlantique, tout cela me convient. Et puis, comment ne pas se délecter de ces pasteis de nata ? Comment ne pas apprécier son verre de vinho verde, sur la terrasse d'un restaurant où la patronne vient pousser un petit coup de fado ?

Septembre.

Pierre organise un week-end dans la maison de son père, en Auvergne. On y débarque avec N., G., Dominch, Hélène, et quelques bouteilles. Il y a aussi Philippe, le dernier boyfriend de P. Je tiens compagnie à Béhémoth, à l'arrière de la voiture de N. et G.
La météo est automnale, mais qu'importe, nous sommes entre amis, nous respirons de l'air pur, et nous mangeons de l'aligot, que demander de plus ?
Je retrouve cette grande maison austère, découverte deux ans plus tôt alors que je sortais avec P. Je me remémore cette époque, le bonheur que c'était d'avoir un copain, de pouvoir partager l'intimité de quelqu'un d'autre, de n'être pas abandonné à soi-même, mais aussi la gêne physique que j'éprouvais alors de devoir partager le même lit – rapport au bruit et au manque d'espace –, ainsi que la puérile inquiétude de ne pouvoir savoir, à chaque instant, ce que l'autre ressentait, s'il était malheureux ou insincère, et s'il allait me quitter bientôt.

Lac Chauvet
Parking du lac Chauvet
Béhémoth

Sur la route du retour, vers minuit, alors que le ciel rougeoie des premières lueurs de l'agglomération parisienne, dont nous approchons, retentit dans l'habitacle ce grand classique de nos road-trips : Unfinished Sympathy, de Massive Attack

G. et N., dans un remake assez particulier des Mille et Une Nuits
Le reste du temps, quand je ne suis pas en vadrouille, je ramène ma fraise chez N. et G., rue Vaucouleurs. Parfois je me pointe juste pour l'apéro, ou pour dépanner leur PC, et puis la soirée s'éternise, N. se met aux fourneaux, les bouteilles de vin se vident, et nous finissons par nous lancer dans des spectacles improvisés, dans des sketches loufoques, sans spectateur, costumés avec les moyens du bord, des scènes dignes de la commedia dell'arte (au moins), parfois interrompues par l'arrivée inopinée de Branca, la gardienne de l'immeuble, rendue furibarde par nos imitations hystériques de Jeanne Mas, qu'elle perçoit depuis sa loge : « Mais vous êtes complètement fous !! »
Oui, nous sommes peut-être complètement fous.
♪♬ Toute première fois, ♫ tou-toute première fois, ♫ tou-toute première fois...

Le Scorp
La rentrée, c'est aussi la réouverture des clubbings. Depuis quelques mois en effet, je fréquente les discothèques. Je vais aux soirées du moment, à la Scream de l'Elysée Montmartre par exemple, ou bien aux soirées Automatik du Rex. Mais le plus souvent, je sors au Scorp, un club gay sans chichis des Grands Boulevards. Je m'y rends seul, car pour mes amis N., G., ou P., cette boîte de coiffeuses, ça va cinq minutes. Moi j'aime bien, parce qu'elle n'est pas loin de chez moi, que le ticket d'entrée reste abordable, et qu'on n'y fait jamais la queue. J'y vais dans l'espoir de faire des rencontres évidemment (je n'ose pas écrire "draguer", tant je suis nul à ce jeu), mais aussi pour danser, vraiment, car parmi les tubes très commerciaux qu'on y diffuse, il y a parfois des morceaux planants que j'aime bien, et dans lesquels je me jette et m'oublie.
J'ai toujours du carburant en réserve... et en vrac !
Avant de m'y rendre, vers 1h du matin, je dois me préparer psychologiquement tout seul dans mon studio, en buvant des gins-orange et en me dandinant sur "On the Radio" de Jay-Jay Johanson.
Sortir seul, c'est comme d'aller à la piscine en hiver, il faut une certaine motivation, mais une fois qu'on y est, sur le dance-floor, on se sent tout de suite mieux.
Le fait que je travaille maintenant en centre ville et que je sois moins fatigué quand arrive le week-end, ne sont pas étrangers à cette nouvelle habitude.
Je précise que ces sorties en boîte ne sont pas toujours couronnées de succès, loin de là. Quand toutes mes œillades et toutes mes tentatives d'approche ont lamentablement échoué, et que je rentre seul, vers quatre heures du matin, avec les jambes en coton d'être resté trop longtemps debout et avec un arrière goût de vodka dans la bouche, je suis dans un état d'esprit inqualifiable, partagé entre le désespoir le plus complet – personne ne m'aime –, et la satisfaction d'avoir au moins essayé. Si vous avez au moins essayé, dans la vie, vous n'avez rien à regretter.