1979
C'est le prétexte de quelques batailles de boules de neige dans le jardin.
Découvrir Paris, et son centre George Pompidou, si bizarre, avec ses gros tuyaux translucides, ses escalators, ses peintures énigmatiques... et toute une foule de gens non moins énigmatiques, assis sur son parvis. Quelle expérience !
C'est que les trains exercent déjà sur moi un attrait particulier, qui s'accentuera avec le temps.
De retour à Rouen, on punaise l'affiche de l'exposition Magritte sur un mur de ma chambre.
J'aime cet Empire des lumières. Je ne remarque pas le paradoxe du jour et de la nuit simultanément représentés.
J'y vois une maison, ma maison, celle de mes parents, celle de Mont-Saint-Aignan. J'y vois une scène urbaine, paisible,
familière, mais non dénuée de mystère, qui m'apaise et me projette dans le rêve.
Nous dormons à l'hôtel. C'est ma première nuit dans un hôtel, et je ne trouve pas l'expérience fantastique (je m'échappe même de la
chambre où mes parents nous ont lâchement abandonné, ma sœur et moi, pour aller les rejoindre dans le restaurant de l'hôtel où ils dînent
tranquillement en tête-à-tête, les monstres...)
C'est notre premier séjour dans le Cotentin. Ce ne sera pas le dernier.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons quelques jours chez Laurence et Picolo, un couple d'amis de mes parents. Ils habitent près de Condom, en Dordogne, dans une vieille ferme qu'ils retapent comme ils peuvent. C'est assez rustique.
Je garderai de cette escapade en Gascogne le souvenir de plantureux paysages, verts et jaunes, dormant dans un vent tiède sous le ciel bleu.
Ma mère et mon institutrice disent que c'est un peu idiot parce que je sais déjà pratiquement lire, et que je n'aurais rencontré aucune difficulté en CP.
Mais le règlement, c'est le règlement !
Un mal pour un bien, je retrouve mes camarades de classe Antoine, Laurence, Patrick, Laetitia, Pascal, Marion, Paul...