1984

Ma table de jeu
C'est en 1984 que j'acquiers l'essentiel de mes boîtes de Majokit. Les Majokits, c'est un ensemble de bâtiments et de mobiliers urbains miniatures, fabriqués par Majorette, le fabricant de petites voitures pour enfants. Des trottoirs, des panneaux de signalisation, des feux tricolores, des lampadaires, des abribus : tout JC Decaux en taille réduite... Voilà un jeu sans ambiguïté pour le petit garçon que je suis censé être !
Quand je revois ces jouets en plastique, ils me semblent si évidents, leurs formes, leurs couleurs, leurs détails, si familiers, que j'ai l'impression de les avoir manipulés hier encore. Cet engouement pour les Majokits préfigure ma passion pour le modélisme ferroviaire, quelques années plus tard.

Je mélange mes Majokits avec des constructions en Lego, quoique l'échelle de réduction ne soit pas tout à fait la même.
Puis je m'invente des histoires, mettant en scène des personnages imaginaires.
Parmi eux, il y a ce couple moderne et aventureux, très libre, inspiré des héros de la série « L'Amour du Risque ». Ils conduisent ma petite automobile verte préférée (car elle me rappelle la Peugeot 505 de papa) et ils vivent dans une belle villa avec piscine (que de tentatives ratées, d'ailleurs, pour introduire l'élément aquatique dans mes Lego ! Ça fuit !). Quand je pars en vacances dans le Cotentin avec mes parents, ce couple miniature idéal nous accompagne dans leur petite voiture verte métallisée. Sur le sable de la plage, ils roulent au milieu de paysages désertiques, fantastiques, lunaires... et toujours soumis à la menace de la montée des eaux ! Les rêves récurrents de déluge, qu'adulte je ferai ensuite, ces cauchemars où je suis surpris par une marée diluvienne et des vagues abominables, sont peut-être des réminiscences de ces projections mentales infantiles, avec Jonathan et Jennifer, l'après-midi sur la plage.

Jacinthes des bois
Le printemps s'installe. Avec ma mère et ma sœur, nous partons en forêt cueillir des fleurs. Nous revenons avec tant de bouquets de jacinthes sauvages que nous en garnissons toutes les pièces de la maison.

Ma grand-mère, à Vernet
En Andorre, devant la Casa de la Vall (j'avais en horreur le manteau kaki que je porte sur la photo ; quelques mois plus tôt, il avait d'ailleurs été l'objet d'un véritable psychodrame lorsqu'un matin ma mère m'obligea à le porter pour aller à l'école ; je l'abhorrais car il était kaki comme un manteau de chasseur, et le chasseur représentait alors l'abomination suprême pour moi)
Vacances de Pâques.
D'ordinaire, à Pâques, nous allons dans le Cotentin avec mes parents. Mais cette année, papi et mamie m'emmènent avec eux à Vernet, tandis que ma sœur Sarah reste à Rouen avec notre cousine Elise.
A Vernet, comme l'été précédent, je fais des promenades dans la montagne en compagnie de mon grand-père, et la fascination qu'exerce sur moi le massif du Canigou, avec son labyrinthe de petits sentiers caillouteux et ses promesses de perspectives sans limite, se renforce. Nous passons aussi une journée en Andorre, une excursion qui m'enchante, car depuis mes derniers voyages à Londres et à Barcelone, rien ne m'amuse davantage que partir « à l'étranger », découvrir à quoi ressemblent ces lieux dont je vois les noms écrits le long des routes, sur les panneaux de direction. En Andorre, nous faisons des emplettes au magasin Pyrénées, où j'achète un petit calendrier illustré pour mes parents.

Visite des remparts...
...de Villefranche-de-Conflent

Juin 1984.

Notre maison
Les suffrages du Front National dépassent les 10% aux élections européennes. Dans les journaux, on parle d'une recrudescence des crimes racistes. Une mode se répand dans toutes les cours d'école françaises, celle de porter un pin's en forme de main « Touche pas à mon pote ». Bien que située dans un quartier sans histoire, loin des haines et des vicissitudes de ce bas-monde, mon école n'échappe pas à cette tendance, et j'exhibe fièrement un pin's noir et jaune « Touche pas à mon pote ».

Un samedi soir, je rentre à la maison en tenant entre les mains une demi-bouteille en plastique remplie d'eau dans laquelle un poisson rouge tourne en rond. Je l'ai gagné à une partie de chamboule-tout, à la kermesse de fin d'année de la Maison des Associations. Nous transférons notre nouveau compagnon dans un bocal, que nous posons sur une étagère de la salle de bains. Chaque fois que je prends mon bain, il me regarde. C'est mon poisson rouge, c'est moi qui le nourris chaque matin, et qui change régulièrement son eau. Je l'appelle Bubulle.

A la maison, les chats sont si respectés qu'ils peuvent boire dans les verres (ici, Calypso)
Sur Antenne 2 le samedi après-midi, il y a Les petits génies. Cette série télévisée, assez prophétique dans son style, raconte les aventures de jeunes collégiens américains jouant aux cyberdétectives, grâce à un ordinateur que l'un d'entre eux possède dans sa chambre. Fasciné, je réclame donc à mes parents un ordinateur, puis un minitel, minitel dont c'est alors l'essor en France, à grands renforts de publicités. Pas question, me répondent-ils ! Le premier est trop cher, et le second totalement inutile (ou l'inverse). Dépité, désolé, je me fabrique alors un faux clavier d'ordinateur en dessinant des touches sur une feuille de papier.
(je réclamerai aussi, et sans obtenir davantage de succès, un lecteur CD, un four à micro-ondes, un décodeur Canal+, un magnétoscope, un radio-réveil-téléphone, une mini-télé, des interphones pour toute la maison, un interrupteur à claquement de mains, etc.)
A la place, on m'offre une petite machine à écrire en plastique d'enfant, sur laquelle je décide de taper ce règlement de copropriété, répétition inconsciente des diverses injonctions domestiques régulièrement proférées par ma mère.

Le super toboggan
Mais je ne m'adonne pas qu'à des jeux abstraits ou technologiques. En l'absence de nos parents, à l'aide de tous les matelas que nous pouvons rassembler dans la maison, ma sœur et moi faisons de l'escalier en bois assez raide qui monte vers nos chambres un super toboggan ! Inutile de préciser qu'il ne vaut mieux pas évoquer ces jeux de haute voltige en présence de notre mère.
« Je ne VEUX PAS que vous jouiez au toboggan dans l'escalier ! C'est HOR-RRIBLEMENT dangereux ! Je vous INTERDIS de recommencer ! »
Elle avait sans doute raison, mais qu'est-ce que c'était rigolo !

Ma sœur et ma cousine à Vernet
L'été 1984, nos grands-parents nous accueillent à Vernet-les-Bains, moi et ma sœur.
Cette année-là, notre cousine Elise est également de la partie. Qu'est-ce qu'on s'amuse bien ensemble ! Tellement, qu'au retour de vacances, je déclare vouloir me marier avec ma cousine...

Elise est déjà une grande, précoce lectrice, et, lorsque je lui demande le titre du livre dans lequel je la vois absorbée depuis plusieurs jours, et qu'elle me répond « 1984 », je crois d'abord qu'elle n'a pas compris ma question. Et quand elle commence à m'expliquer le principe de la novlangue, dont parle son roman, je me dis que ma cousine lit des choses bien étranges.
J'ose à peine lui dire ce que, pour ma part, j'ai lu récemment : Un bon petit diable, Jonathan Livingston le Goéland, Croc-Blanc...

A la fin juillet, ont lieu les jeux olympiques de Los Angeles. Mon père laisse entendre qu'il regardera la cérémonie d'ouverture, retransmise en direct vers deux heures du matin sur une chaîne française. Bien que je ne sois pas d'une grande nature sportive, ce genre d'événement un peu spectaculaire et inhabituel m'excite immédiatement, si bien qu'à l'heure dite, au beau milieu de la nuit, je fais l'effort de me lever de mon lit. Mais une fois devant le poste de télévision, que mon père est déjà occupé à regarder, dans la fumée bleue de ses cigarettes, je suis incapable de garder les yeux ouverts et je retourne me coucher immédiatement.

Le retour des vaches, le soir à Gruchy (à cette époque, elles doivent encore traverser le hameau pour rentrer des champs)
Le bureau de mon père
En août, nous retournons dans le Cotentin avec mes parents, à Gruchy.

Mon père dessine souvent en vacances.
Je crois que je l'ai toujours vu dessiner, d'ailleurs.
Il tient peut-être ça de sa mère, qui était peintre.

Parfois il s'en va tout seul sur les sentiers côtiers, en emportant avec lui ses carnets et ses crayons dans un sac en plastique. De retour à Rouen, il expose quelques unes de ses œuvres sur les murs de la maison, ou sur des chevalets, mais ça ne va pas plus loin. Il est très discret sur ce sujet.

Le club-house du tennis des Cottes
Le reste des vacances, je les passe avec mes amis Franck et Patrick. Ensemble, nous allons nous acheter des bonbons (des « bonbecs » comme on dit) à la boulangerie de la rue Verte, ou au Parking de la Gare. Fraises tagada, mini bouteilles de Coca et Tubble Gum, c'est le dentiste qui va être content !
Nous aimons aussi pédaler jusqu'à la cafétéria de la piscine de Mont-Saint-Aignan, où nous nous goinfrons de hot-dogs et de frites.
Mais pour déguster, le plus simple reste encore d'aller s'acheter des Mr Freeze au club-house du tennis, juste en face de chez moi. Ceux au Coca-Cola sont mes préférés.
Au jardin (à gauche, c'est Caroline, une copine de ma sœur)
Parfois nous rejoignons aussi ma sœur Sarah, qui fait du patin à roulettes sur le terrain de baskets, juste derrière l'école, avec sa copine Caroline.

Ma grands-parents et ma mère, sur le balcon de leur nouvel appartement rouennais
Vers la fin de l'été, mes grands-parents abandonnent leur maison de Sotteville pour un appartement de standing du centre-ville rouennais – un endroit bien triste en comparaison, sans grenier poussiéreux où s'isoler et fouiller dans les malles et les armoires.
Leur nouvel appartement de la rue Bouquet deviendra vite synonyme de repas dominicaux ennuyeux, interminables, indigestes, confinés dans des odeurs de rôti et de tabac. Pour tuer le temps, pendant qu'ils discutent, ma sœur et moi regardons la télévision dans la petite chambre d'ami ; nous arpentons les escaliers des parties communes, ainsi que le parking extérieur, morne et silencieux. Occupations vite épuisées.
Pour nous réconforter, maman nous dit que nous pourrons nous éclipser et rentrer à la maison à pied sitôt le repas terminé, vu que les deux habitations ne sont maintenant plus très éloignées l'une de l'autre. Inutile de dire qu'on ne se fait pas prier.

Ilius à la SHUR, en 1984
Ce même été, ma mère retire son cheval Ilius du centre équestre de la SHUR, où il était pensionnaire depuis plusieurs années. Elle veut le mettre "au vert", car il commence à boiter. Ce retrait coïncide avec mon abandon de l'équitation. Pour moi, c'est la fin d'une époque, l'époque de la SHUR et de mes batifolages dans son petit bois.
Ilius, la jument Greta, et ma mère
Pendant quelque temps ensuite, Ilius sera balloté de pension en pension, dans la région normande, avant de s'établir définitivement chez un agriculteur de l'Eure, au lieu-dit la Boissaye, où il goûtera une retraite paisible et méritée. Fidèlement, ma mère ira lui rendre visite tous les samedis après-midi, avec un panier de carottes et du pain dur. Je l'accompagne parfois ; durant la cinquantaine de minutes que dure le trajet, je me laisse aller à des méditations impressionistes, dans le ronronnement du moteur, en regardant le paysage défiler.
(Ilius mourra des suites d'une colique en 1999, alors que mes parents sont en vacances dans la Hague. Resté à Rouen à cause d'un petit boulot d'été, c'est moi qui reçois l'appel du véto, moi qui donne l'accord pour qu'Ilius soit euthanasié, moi qui appelle ma mère pour lui annoncer la triste nouvelle. Je ne serai pas là pour voir sa peine, mais je sais que ma mère souffrira beaucoup de la mort de son cheval.)

Un best-seller de l'époque
En septembre 1984, j'entre en CM2, dans la classe de M. Dumay. Avec Mme Périgne (notre maîtresse du CE2), M. Dumay reste certainement l'un des mes meilleurs instituteurs. Un homme du sud, à la voix chantante, d'une grande tempérance, d'une grande justesse, aimant et respectant ses élèves, autant qu'il est aimé et respecté d'eux. Il sent le café et la cigarette, il n'est plus tout jeune, mais il dégage encore de la grâce et de la beauté. Il habite avec sa femme dans l'école même. Sa femme m'impressionne un peu, car elle gronde les enfants qui chahutent trop près de l'entrée de leur logement.

(M. Dumay est malheureusement décédé dans les années 90, peu après son départ à la retraite. Mon père m'a dit qu'il apercevait encore son épouse, parfois, dans le train entre Paris et Rouen. Il symbolise pour moi cette école républicaine à l'ancienne, qui sent l'eau de javel et l'alcool à brûler des polycopieuses, cette école publique, laïque, très intégrée dans le tissu local, avec des instituteurs et des dames de service qui habitent dans le quartier depuis longtemps.)

La cour de l'école Berthelot, dans les années 90
Un matin, juste au moment de partir en récréation à 10h, je poinçonne de plusieurs trous le classeur en carton de Bénédicte avec une perforeuse qui traîne par là, et je m'enfuis comme un voleur dans la cour, en espérant que personne n'aura été le témoin de mon abominable forfait. Qu'est-ce qui m'est passé par la tête ? Je ne sais pas. Toujours est-il que je vois avec horreur M. Dumay s'avancer vers moi dans la cour, l'air sévère. Il me reconduit dans la salle de classe, dont il referme la porte derrière lui, et là, en présence de Bénédicte, et sous le regard de mes camarades dont j'aperçois les têtes qui se hissent derrière les vitres, il exige des explications. Je dois présenter des excuses. Je me mets à pleurnicher lorsqu'il m'annonce que je devrai aussi avouer mon acte coupable à mes parents.
« Ah bah oui, mon vieux... » me dit-il de sa voix chantante.
La maison de Bénédicte
On en restera là (voyez comme il s'en trame des choses terribles dans mon quartier !!)

En fait, je crois que cette jeune fille dont j'ai perforé le classeur, une jeune fille d'extraction fort bourgeoise, avait organisé un anniversaire auquel toute une partie de la classe avait été convié – à l'exception de quelques malheureux manants comme moi. Je ne saurais dire, cependant, si cet anniversaire eut lieu avant, ou après mon scandaleux méfait...

Enfin, vers la fin de l'année, la mode des yo-yos déferle sur l'école. A la manipulation de ces jouets d'environ cinq centimètres de diamètre, faits de bois ou de plastique dur, certains élèves se révèlent particulièrement habiles, et capables d'exécuter des figures de virtuoses... jusqu'à ce que quelqu'un se prenne l'objet dans la figure. Ils seront rapidement interdits à l'école.

Franck
Franck est devenu mon meilleur copain. C'est un garçon gentil et poli, qui aime le vélo et le Coca-Cola comme moi. Pour le reste, il n'est pas très représentatif des enfants de mon quartier huppé : il habite avec sa mère et son frère Olivier dans une minuscule maison de poupée de la rue de la Fraternité, à deux cents mètres de chez moi. Sa mère est infirmière au CHU de Rouen. Son père, d'origine marocaine, est mort d'un cancer quand Franck avait trois ans, une singularité qui ne va pas sans me troubler : comment peut-on vivre sans père ? J'interroge Franck à ce sujet, mais il me dit ne pas très bien se souvenir de lui, car il est mort quand il était jeune.
Les relations de Franck avec son frère, d'un an son cadet, me surprennent parfois par leur impétuosité. Mais, s'il est d'apparence un peu plus "masculine" que moi, Franck peut aussi avoir des réactions, disons, curieuses, assez similaires aux miennes. Par exemple, les araignées lui causent une grande frayeur. De même, lorsque sa mère nous emmènera visiter ce bassin d'élevage piscicole du pays de Caux, ni lui ni moi ne pourrons supporter le moment où le responsable de l'élevage assommera et tuera le poisson que nous avons attrapé, et, au final, cette partie de pêche sera une mauvaise expérience pour tout le monde.
Franck a un chien, qu'il adore, et à qui il parle comme je parle à mes chats, ainsi qu'un hamster, dans une cage, dont l'odeur emplit toute sa chambre. Sur la moquette, nous édifions des labyrinthes avec nos livres et nos cahiers de classe, dans lesquels nous plaçons le petit rongeur, que nous regardons évoluer ensuite. Je reste parfois jusque tard chez lui. Sa mère, qui dort dans le salon, doit parfois m'inviter à rentrer chez moi. « Tes parents doivent t'attendre pour dîner » me dit-elle d'un air ennuyé. Une fois, je passe la nuit chez lui, sur un matelas placé à côté du sien. Mais curieusement, quelque chose d'indicible, dans cette intimité partagée, me trouble, me perturbe, et le lendemain matin, je ne suis finalement pas mécontent de retrouver ma propre maison.

La petite maison de Franck
Les traits maghrébins de Franck me sont invisibles, et l'origine étrangère de son père, loin d'être un facteur stigmatisant pour moi, m'apparaît au contraire comme une marque d'exotisme – l'Afrique – dont je suis dépourvu. Je perçois en revanche plus facilement le décalage social qui existe entre lui et les autres enfants de notre classe, un décalage dont il est évidemment aussi conscient, et qu'il verbalise volontiers (il envie la grande maison où j'habite ; il me confie tout le mépris qu'il a pour Patrick, qu'il trouve capricieux et "pourri gâté"). Cette différence, et la conscience de cette différence, lui confèrent un esprit critique et une intelligence auxquels je suis sensible. De plus, il ne joue pas systématiquement au foot le midi avec les autres garçons de l'école, et ne tire aucun jugement, si petit soit-il, de mon désintérêt pour ce sport. Il respecte ma différence, je respecte la sienne, et notre amitié se nourrit de cette acceptation mutuelle.
Franck déménagera à la fin du CM2. Il partira s'installer avec sa mère et son frère à la campagne, pas très loin de Dieppe, à une cinquantaine de kilomètres de Rouen. Peu de temps après leur emménagement, je serai invité à passer une après-midi dans leur nouvelle maison, plus grande, plus confortable, où chacun aura enfin sa propre chambre, mais que je trouverai aussi plus froide que celle qu'ils occupaient avant dans mon quartier. Nous ferons un peu de vélo dans la campagne aux alentours. Mais ce ne sera plus pareil. Tout me semblera étranger dans ce village désert, paumé dans les champs. Et puis je ne veux pas d'une amitié à distance.
Nous ne nous reverrons plus jamais, Franck et moi.