Panorama depuis le sommet du Canigou
La paroi rocheuse s'arrêta pour laisser place à une sorte de grande terrasse de pierre, chaotique, sans forme précise ni garde-fous, où des gens attendaient en discutant.

C'était le sommet du Canigou.

La lumière paraissait plus vive, l'air plus plein, le temps plus concentré, en fait, tout semblait comme démultiplié, du haut de ce balcon.

Je me mis dans un coin pour pique-niquer – j'étais affamé.

Mon repas avalé, j'essayai de m'allonger, mais les arêtes saillantes des pierres sur le sol m'ont vite fait me redresser.

Il était onze heures du matin, le soleil tapait dur, mais l'air restait étrangement vif, piquant et frais.

Vers l'est, en direction de la méditerranée, une éclatante écume de nuages blancs menaçait de tout recouvrir.

Mais quelques minutes plus tard, elle avait mystérieusement disparu.

Les nuages semblaient se former et se dissoudre à vue d'oeil autour du sommet.

Vers le sud, la neige d'été clairsemait la haute vallée du Cady.

Au nord, l'horizon était repoussé loin, très loin, baignant dans un océan de filets de brume, tout de blanc et de bleu.

Plus inaccessible encore que les sommets eux-mêmes, cet horizon me laissait sans voix, et la perception quasiment immatérielle de cet infini glacial me comblait, me remplissait d'une satisfaction innommable.

Après une heure passée à contempler ce paysage minéral et diaphane, et à sommeiller sans conviction, je me décidai à remettre mon sac sur le dos, et à entamer la longue route du retour.