Le temps passait.
Les heures passaient.
Le sentier se déroulait devant moi, imperturbablement, de la droite vers la gauche, puis de la gauche vers la droite, faisant d'ingénieux détours dans un paysage qui s'accidentait petit à petit.

Je croisais de nombreux randonneurs, avec qui j'échangeais le traditionnel "bonjour" des marcheurs qui se rencontrent en terre sauvage.

La végétation se faisait plus dense, et la vallée se creusait.

Je sentais monter une certaine fatigue, et je prêtais moins d'attention à ce qui m'entourait. Ma peau était chaude, rouge de soleil et grise de poussière, et je me sentais déjà tout cuit.

La descente s'accentua au voisinage du col Vert.

La maison forestière de Mariailles
Enfin, trois heures après avoir quitté le majestueux sommet, j'arrivais à la maison forestière de Mariailles, où de nombreux touristes avaient garé leur 4x4, avant de s'élancer à pied vers le Canigou. Les feignants !

La vue de ces engins automobiles rutilants me procura une nette sensation de retour à la civilisation.

Je fis une halte, et grignotai un morceau. Mes genoux commençaient à me faire souffrir vraiment, à force d'amortir sans cesse mon pas dans la descente.

Il me restait pourtant encore deux bonnes heures de marche, deux heures à traverser des forêts, longer des crêtes, passer des cols, franchir des ravins.

Le col del Cavall Mort, le col de Jou...

Parfois, le sentier s'inclinait tellement, et ma lassitude était si grande, que je m'emballais dans la pente, et je devais me raccrocher de justesse à des branches d'arbres.

Mais de temps en temps, je m'arrêtais aussi pour regarder un torrent couler gaiement entre les fleurs - doux, reposant, élégiaque spectacle qui me faisait oublier quelques instants l'âpreté et la rudesse de ce retour.