Les heures passaient.
Le sentier se déroulait devant moi, imperturbablement, de la droite vers la gauche, puis de la gauche vers
la droite, faisant d'ingénieux détours dans un paysage qui s'accidentait petit à petit.
Je croisais de nombreux randonneurs, avec qui j'échangeais le traditionnel "bonjour" des marcheurs qui se rencontrent en terre sauvage.
Je sentais monter une certaine fatigue, et je prêtais moins d'attention à ce qui m'entourait. Ma peau était chaude, rouge de soleil et grise de poussière, et je me sentais déjà tout cuit.
La descente s'accentua au voisinage du col Vert.
La vue de ces engins automobiles rutilants me procura une nette sensation de retour à la civilisation.
Je fis une halte, et grignotai un morceau. Mes genoux commençaient à me faire souffrir vraiment, à force d'amortir sans cesse mon pas dans la descente.
Le col del Cavall Mort, le col de Jou...
Parfois, le sentier s'inclinait tellement, et ma lassitude était si grande, que je m'emballais dans la pente, et je devais me raccrocher de justesse à des branches d'arbres.
Mais de temps en temps, je m'arrêtais aussi pour regarder un torrent couler gaiement entre les fleurs - doux, reposant, élégiaque spectacle qui me faisait oublier quelques instants l'âpreté et la rudesse de ce retour.