L'itinéraire de ceinture du Canigou
9/08/2005 - 6h50. La première partie du parcours coïncide avec le sentier que je prends habituellement pour monter au Canigou, le fameux itinéraire N°3, jusqu'à ce que je bifurque, peu après la porteille d'Adalt. Quelques lacets en sous-bois, et j'arrive à Cogulló, où m'attendent un troupeau de vaches et de veaux, que je contourne comme je peux.
Je suis en sueur et j'ai les mains bleues,
comme d'habitude – j'ai un peu trop appuyé sur le champignon.
A propos de champignon, certains arbres du bois de Fillols semblent être atteints d'un drôle
de parasite.
Après Cogulló, le sentier rejoint la piste qui descend du col des Voltes, et la pente s'adoucit.
10h. J'arrive au refuge de Bonaigua.
J'y jette un œil :
des randonneurs ont abandonné des monticules de détritus dans l'entrée.
J'avale un snickers, et je reprends ma marche en direction des conques du Canigou, à l'affût du sentier qui part vers le col de la Jasse d'en Vernet.
La montée reprend, raide, dans d'immenses champs d'éboulis. Dans ce paysage
magnifique, Laurence –
qui avait fait le Canigou avec moi il y a une douzaine d'années – m'appelle sur mon portable et
m'apprend que D. a une méningite – c'est un peu surréaliste.
J'arrive à une source, où je remplis mes bouteilles.
Le paysage des conques est varié, très agréable à traverser, même si
certains passages sont rendus un peu difficiles par les éboulis.
Le beau temps semble s'installer, alors je
ralentis ma marche.
Un dernier effort, et j'arrive au col de la jasse. Il est presque midi.
Je sors mon pique-nique, bien mérité.
Je continue tranquillement sur les flancs du Quazemi. Saint-Martin-du-Canigou et Casteil apparaissent
soudain, 1500 mètres plus bas.
J'approche du col Segalès, où je croise quelques randonneurs à l'arrêt.
Je mange une banane, et je communie avec la montagne.
Entre quelques sapins foudroyés, on aperçoit Mariailles, joyeux petit coin de prairie, de l'autre côté des gorges du Cady.
La couleur de l'herbe montre combien l'été a été sec, encore cette année.
Un randonneur anglais me demande de le photographier.
Il est temps d'entamer la descente.
14h. J'arrive à Mourà, un autre coin de prairie, plus sauvage celui-là.
Je suis ravi : cela faisait longtemps que je voulais venir ici. Je ne suis pas déçu.
Abandonné, loin de tout, le nom même du lieu sonne étrangement à l'oreille, et j'aime ce mélange de beauté
austère et d'étrange étrangeté.
Je rêvasse un peu, mais pas trop, car le soleil tape ; je m'engage rapidement
dans la forêt, le long d'un sentier qui descend en pente très raide dans un ravin.
Plusieurs fois je dérape et je dois me rattraper aux branches.
Il y a de très beaux arbres.
15h30. Je franchis un petit torrent et j'arrive à la Cirerola, un ensemble de cabanes de pierres
dans une forêt de brocéliande. L'endroit est enchanteur.
Les pentes escarpées qui descendent du Quazemi et qui tombent dans les gorges surgissent parfois entre les arbres.
Le sentier serpente le long d'une crête aride, où des arbres courageux
luttent pour s'accrocher.
Arrivé à l'intersection avec l'itinéraire 11, comme il fait beau, je décide de ne pas continuer vers Saint-Martin
comme prévu, mais de prendre par le col de Llavent, quitte à remonter légèrement dans un ravin.
Par endroits, le sentier est si abîmé qu'une corde a été tendue contre la paroi des rochers.
16h30. Je fatigue un peu, donc nouvelle pause casse-croute. Il me reste bien une saladette, mais j'ai oublié
d'emmener des couverts, donc je suis obligé de la manger avec les doigts – heureusement il n'y a personne.
17h20. Je ne suis pas mécontent d'arriver au col de Llavent.
Le sentier remonte doucement vers l'Alzina, une bagatelle, et c'est peu après 18h que j'entre dans Vernet, après
un bref arrêt au petit belvédère qui surplombe le village.