Le retour à Paris (II)

Au cours de cet été 2000, je couche sur des feuilles volantes les idées qui me passent par la tête, généralement farfelues.

Cité lumière, cité d'enfer







Cité lumière, cité d'enfer
D'où que nous venions, qui que nous aimions,
Nous filons doux jusque très tard,
Nous, petites starlettes de minuit,
Bijoux crâneurs, bijoux baveux,
Petites créatures de Dieu,
Balancées à vive allure sur les boulevards.

Cité lumière, cité d'enfer
Au creux d'un loft mélodieux,
Des jambes se croisent et se décroisent,
En exhalant tout le soleil de la journée passée,
Tout le soleil qui revient, en longues, paresseuses palpitations.
Sous les draps fins et froissés de juin,
La gazelle dévore son lion.

Cité lumière, cité d'enfer
Une table ronde, finement dressée,
Accueille ses ouailles post-apéro.
Elle prête l'oreille à la poésie des voyageurs,
Dictée par les rencontres de fortune.
Car à Belleville comme ailleurs,
On dîne entre amis, on se déride,
Sur le tempo bleu de la bohême.

Cité lumière, cité d'enfer
Mais dans les sous-sols poisseux des disco-dédales,
C'est Tournez manège pour les petits culs en peine,
C'est l'hallali pour ces bébés qui traînent
Maintenant
Leurs attraits perdus, violés par le temps.

Mignon

Mignon, allons voir si la rose
Se marie bien avec tes marrons.

Hanches chichiteuses, reins fanfreluches
T'as des atours entourloupeux
T'as du velours en bas des yeux
Toi la peluche des donneuses.

Tu fais danser ta brillantine
Tu fais claquer tes gants qui brillent
Sous les spots huileux des vilains clubs
T'as laissé tomber ton spleen

Oh ma donzelle des nuits-billards,
Ma belle brilleuse des couche-tard,
Viens avec moi papillonner jusqu'à l'aube,
Avant l'extinction des plumards.

Viens faire la fête



Entre quatre murs, des ombres et des silhouettes confuses se confondent, et se séparent.
L'air est épais de vibrations, gorgé de fumée de cigarettes.
C'est la fête, c'est la fête !
En discothèque.

Dans la foule en liesse, se dandine Dominique, qui a choisi, pour l'occasion, un ensemble moulant, mais déjà trempé par la sueur.
Une personne bien festive que Dominique, qui s'amuse drôlement avec tous ses amis, dans les éclats rieurs des projecteurs.

Au comptoir, le barman n'a de cesse de s'activer, entre les bouteilles et les paquets de gobelets, tandis que le DJ s'affaire à ses platines.

Ce soir, les videurs en ont vu d'autres (pffff !!), et à la caisse, les billets de banque se pressent.

Et Dominique a les yeux qui pétillent…
Depuis que l'élu de son cœur lui a posé une main tendre sur l'épaule,
Et lui a hurlé un bon mot dans l'oreille.

Ne sois pas bête,
Viens faire la fête,
En discothèque !

En Normandie

Les grandes falaises de craie
Sont des mammouths
Qui broutent
Paisiblement des portions de galets.

Debout sur ton tapis de sable,
Tu te sèches, en agitant les bras
Et ta serviette turquoise
Danse comme une shampouineuse
Autour de toi.

Pierrot solaire



Trois icônes dorées posées sur un radiateur
Un portefeuille en polyester perdu sous les fleurs

Le magazine jeté sur le siège en osier
La théière ébréchée oubliée
Avec son thé
Contre son gré.

Un trois-mâts miniature, accosté au quai d'une commode,
Une salière esseulée, la pierre à feu des vaches à lait,
Un larfeuille, tel un financier calé
Dans son canapé,
Un petit pot de crème à tartiner, qui s'en tamponne bien, des biscuits à grignoter.

T'es qu'une gypsie, ma fille !
(et moi juste une illusion)

Quelques heures plus tard,
Les toits de Bastille,
Et ses cafés de pacotille,
Emergent déjà, tous rouges,
D'un beau matin.

Tu sors de la douche,
Et ta bouche,
Est fraîche comme un saumon,
De Norvège.

Pas d'inquiétude,
Tout va très bien,
Madame la Marquise,
Malgré ce petit somme à deux
Un peu questionneux.
Malheureux !
Ne posez pas cette question,
Ne faîtes point, ne faîtes aucun
Pronostic.

Il s'embrassent tendrement

Où puisent-ils leur énergie,
Pour se déhancher ainsi,
Pour s'égosiller,
Rire avec autant d'entrain ?

Ils ont des amis, ils ont du bagout,
De la répartie.
Ils se tiennent par la main,
Ils ont des secrets à partager.

Et il s'embrassent tendrement.

Un thé au jasmin

Un thé au jasmin
Avec toi
Mais… sans lui !

Une suée, aux Bains
Avec toi
Mais… sans lui !

Tu as pris un amant ?
Tu as raison, ma chérie,
Dans la vie,
Il faut être intègre avec soi-même.

Les papillons s'envolent
Comme les araignées en fleur.
Mais quand les bretelles d'autoroute
Se ramassent à la pelle,
Que les saxos germains
Font du pipo aux jeunes demoiselles,
Alors je sors de mon fourré, où je m'étais caché,
Et je viens valser, comme un Swan,
Comme le Swan, de mes plus pures années.