Les bourgeons (j'ai pas dit les bourgeois) surgissent à peine sur les branches des arbres, que déjà les mégaphones résonnent.
Que pavés et slogans sont martelés.
Que les camarades se serrent les coudes, le regard rivé sur l'horizon.
Tous ensemble ! Tous ensemble !
Serait-ce enfin le réveil tant espéré des consciences prolétaires ?

Ou juste le dernier sursaut populaire, l'ultime spasme de lucidité d'une société désormais livrée, à demi consentante, telle un zombie, aux scalpels impitoyables d'un docteur Mabuse mégalomane et sans scrupule, prêt à tout désosser, à tout sacrifier des acquis sociaux et des politiques publiques, froidement, sur l'autel du marché, dans la droite lignée de ses tant idolâtrés Reagan et Thatcher ?

Cheap imitation !
S'il ne devient pas le président Téflon français, il restera le président Bling-Bling. Le roi du clinquant, de l'apparence, de la vantardise et de l'auto-satisfaction.

En tout cas, rien d'un printemps social, ici-bas.
Ça grogne, ça couve, ça défile, et ça fait plouf.
Le capitalisme financier crache quelques Madoff pour calmer les esprits revanchards.
Les hommes politiques du monde entier se rencontrent au sommet, où ils font mine de s'activer.

Ce n'est, peut-être, que lorsque « l'économie repartira », laissant derrière elle, sur le carreau, quantités de gens qui s'imaginaient qu'ils repartiraient avec elle, qu'on connaîtra un vrai printemps social. Un printemps violent, avec des émeutes, des états d'urgence, des grèves générales et des têtes qu'on coupe, comme mon pays sait en produire de temps en temps.